La pharmacie s’impose de plus en plus comme un point d’ancrage essentiel du parcours de santé de proximité. Face à des patients mieux informés, en quête de prévention, de rapidité et de conseils personnalisés, le rôle du pharmacien évolue rapidement.
Et si demain, l’officine devenait un véritable laboratoire de quartier, capable de proposer des services de dépistage, de suivi et d’orientation vers le soin médical ? Cette transformation repose sur des besoins concrets, une demande croissante des usagers et une évolution naturelle des missions du pharmacien. Reste à savoir comment s’y préparer, s’y former… et en tirer le meilleur parti, au service des patients comme de l’officine.
Les tests de santé rapides en pharmacie : une révolution silencieuse
Déjà bien intégrés dans certaines officines, les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) et les autotests supervisésconnaissent une adoption croissante. Tests angine, glycémie, cholestérol, suivi de la tension, saturation en oxygène… autant d’outils simples, accessibles, qui permettent d’agir vite et bien, tout en restant dans un cadre sécurisé.
Pour les pharmaciens, ces tests offrent la possibilité de :
- Renforcer leur rôle dans la prévention et le repérage précoce,
- Accompagner les patients dans l’interprétation des résultats,
- Travailler en coordination avec les médecins traitants, dans une logique de parcours fluide.
Ces services répondent à une demande forte de praticité et de proximité. Ils s’inscrivent dans le quotidien du patient et permettent de désengorger les structures médicales, tout en maintenant une qualité de suivi.
Vers un rôle élargi et renforcé du pharmacien
Le pharmacien devient ainsi un acteur de santé de premier recours, capable de proposer un accompagnement ciblé grâce à une lecture fine des besoins du patient. De plus en plus, il intervient en prévention, en éducation thérapeutique, mais aussi en appui ponctuel à l’autonomie du patient.
Demain, le pharmacien pourrait :
- Suivre régulièrement les paramètres de santé clés d’un patient atteint de diabète ou d’hypertension,
- Proposer des bilan bien-être ou nutritionnels de première intention,
- Participer à des programmes territoriaux de prévention (diabète, maladies cardiovasculaires, addictions).
Cette évolution suppose un investissement dans la formation continue, mais aussi une adaptation des espaces officinaux, avec la création de zones confidentielles dédiées aux entretiens et aux tests.
Une officine pleinement intégrée au parcours de soins
Cette pharmacie augmentée est également la réponse à un besoin sociétal d’accessibilité et de confiance. Elle s’intègre dans les dispositifs territoriaux comme les CPTS, dans la prévention active, et dans une relation renouvelée avec les patients.
Les pharmacies peuvent désormais :
- Offrir des services de suivi individualisé, sans rendez-vous,
- Participer à des campagnes de santé publique (dépistage, vaccination, éducation),
- Devenir un relais de coordination interprofessionnelle dans des zones parfois médicalement sous-dotées.
C’est aussi une manière de renforcer leur ancrage local, en redonnant à la pharmacie un rôle structurant dans le tissu de soins de proximité.
En conclusion
La pharmacie de demain ne sera pas seulement un lieu de délivrance de médicaments. Elle sera un centre de santé de proximité, centré sur l’écoute, le conseil, la prévention et l’accompagnement personnalisé. Les tests rapides et services de suivi permettent déjà de dessiner les contours de ce modèle plus agile, plus humain, plus utile. Une opportunité à saisir pour les pharmaciens qui souhaitent anticiper les évolutions du métier et renforcer leur mission de santé publique.
📚 Sources
- Ordre National des Pharmaciens – « Tests en officine et évolution du métier », 2024
- Rapport « Dépist’C Pharma » du ministère de la Santé, évaluant les expérimentations de dépistage en officine
- Article du ministère sur la prise en charge des autotests VIH en pharmacie
- Fédération des pharmaciens d’officine (FSPF) – « La pharmacie de demain », rapport prospectif 2023