L’impression 3D de médicaments : où en sommes-nous ?

L’impression 3D de médicaments : où en sommes-nous ?

L’idée paraît futuriste, mais l’impression 3D de médicaments progresse rapidement et suscite un intérêt croissant dans le monde pharmaceutique. Entre promesses de personnalisation, gains de temps, et questionnements réglementaires, cette technologie soulève autant d’enthousiasme que de vigilance. Pour les pharmaciens, il ne s’agit plus seulement de surveiller la tendance, mais d’en mesurer les implications concrètes pour l’officine.

Une technologie au service de la pharmacie personnalisée

L’un des arguments les plus forts en faveur de l’impression 3D est la personnalisation des traitements. Contrairement aux médicaments produits en série, cette technique permet de créer des comprimés adaptés au profil exact du patient : posologie, principe actif, forme galénique, vitesse de libération… tout peut être ajusté.

Dans une logique de soin individualisé, cette avancée est particulièrement prometteuse :

  • Pour les enfants ou personnes âgées, on peut imaginer des formes plus faciles à avaler.
  • Pour les patients polymédiqués, des « polypilules » combinant plusieurs substances actives pourraient améliorer l’observance.
  • Dans les cas de maladies rares, l’impression 3D rend possible la production de petites séries de médicaments spécifiques.

La start-up MB Therapeutics a lancé en 2023 un projet appelé Med-U Modular, une mini-unité d’impression 3D pensée pour s’intégrer dans l’espace de préparation des officines.
🔗 Découvrir le projet Med-U

Des tests déjà en cours en pharmacie

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette technologie n’est pas réservée aux hôpitaux ou aux laboratoires de recherche. Certaines officines françaises ont déjà démarré des expérimentations, notamment dans le domaine vétérinaire ou pédiatrique.

À Paris, la pharmacie Delpech, pionnière en innovation, participe à une étude sur l’adaptation des formes galéniques via l’impression 3D. Des comprimés sont ainsi imprimés avec un dosage personnalisé pour chaque enfant, facilitant la prise et réduisant les risques liés à une mauvaise posologie.

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Des obstacles réglementaires à lever

Si la technologie est séduisante, le cadre légal, lui, reste à construire. L’ANSM et des instituts comme IMT Mines Albi travaillent déjà à la mise en place de protocoles stricts pour garantir sécurité, traçabilité, et efficacité.

Parmi les grands enjeux :

  • Qui est responsable en cas d’erreur de dosage sur un comprimé imprimé ?
  • Quelles certifications seront exigées pour l’équipement et le personnel ?
  • Comment assurer la traçabilité de chaque lot imprimé, comme le prévoit la réglementation actuelle ?

Pour l’instant, l’impression 3D reste réservée à la préparation magistrale, encadrée par des pharmaciens expérimentés, dans un cadre très surveillé.

🔗 En savoir plus sur l’avis des experts IMT Mines Albi

Une piste à surveiller de près en officine

Loin d’être une simple curiosité technologique, l’impression 3D représente un levier d’innovation stratégique pour les pharmacies d’aujourd’hui et de demain.

Elle ne viendra pas remplacer les préparations classiques, mais les compléter intelligemment, notamment dans les cas où la standardisation montre ses limites. Dans quelques années, proposer des médicaments imprimés sur place pourrait devenir un service différenciant pour certaines officines.

Reste à savoir quand les conditions — techniques, économiques, réglementaires — permettront un déploiement à grande échelle, au cœur même de la pharmacie.