Les défis de l’approvisionnement pharmaceutique en 2025

Les défis de l’approvisionnement pharmaceutique en 2025

Depuis plusieurs années, les pharmaciens affrontent un défi devenu central dans leur quotidien : l’approvisionnement. En 2025, malgré les leçons tirées de la crise sanitaire du COVID-19, les ruptures de stock de médicaments restent fréquentes et préoccupantes. Antidouleurs, antibiotiques, insuline, vaccins, collyres… les signalements de pénuries enregistrés par l’ANSM dépassent désormais les 4 000 cas. Cette instabilité n’est plus conjoncturelle, elle est structurelle, révélatrice d’un modèle de chaîne logistique trop fragile, trop centralisé, et peu adapté aux imprévus.

Une dépendance persistante aux marchés étrangers

La dépendance aux marchés asiatiques, notamment à la Chine et à l’Inde, pour la production de principes actifs, continue d’exposer la chaîne d’approvisionnement européenne aux aléas géopolitiques et sanitaires. Cette concentration géographique de la production mondiale, combinée à une demande croissante et à des modèles industriels focalisés sur la rentabilité à court terme, affaiblit la résilience du système. La crise sanitaire de 2020 avait pourtant souligné l’importance de retrouver une forme de souveraineté pharmaceutique, mais les efforts de relocalisation, bien que réels, peinent encore à produire des effets tangibles au niveau des officines.

Des initiatives comme celle de l’entreprise française Seqens, qui a ouvert une nouvelle unité de production d’API dans l’Ain, ou encore les investissements de Sanofi sur des sites stratégiques comme celui de Neuville-sur-Saône, marquent un pas important. Mais elles restent marginales face à l’ampleur du défi.

Des conséquences très concrètes en officine

En officine, les conséquences sont immédiates : adaptation constante des prescriptions, multiplication des appels fournisseurs, communication délicate avec les patients et parfois même perte de confiance. Le pharmacien devient un acteur pivot, contraint d’expliquer, de rassurer, tout en jonglant avec des outils de gestion de stock souvent mis à rude épreuve. Certains logiciels évolués permettent aujourd’hui de recevoir des alertes de rupture ou d’anticiper certaines tensions (comme Smart RXWinpharma ou LGPI), mais ils ne suffisent pas à combler les défaillances globales du système d’approvisionnement.

Vers une résilience collective

À l’échelle macroéconomique, les pouvoirs publics évoquent des pistes comme la constitution de stocks stratégiques, la diversification des fournisseurs, et la création de sites de production modulables et régionaux. Le projet européen “Resilience”, par exemple, ambitionne de construire un réseau agile capable de produire rapidement en cas de besoin critique. Toutefois, ces réformes exigent du temps, des investissements lourds, et une réelle volonté politique.

En parallèle, les groupements de pharmaciens peuvent, à leur niveau, renforcer leur pouvoir de négociation, mutualiser leurs approvisionnements, et se tourner vers des centrales plus réactives. Dans ce contexte, la digitalisation de la chaîne logistique – de la prévision à la traçabilité – devient une opportunité majeure pour moderniser l’approvisionnement et mieux résister aux chocs à venir.

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